Dans la nuit du 10 au 11 juillet, un militaire du 92e régiment d’infanterie en civil, le caporal-chef Kevin AMODRU, a été poignardé à mort dans notre ville. Ce samedi matin, Clermont-Ferrand s’est réveillée endeuillée.
À sa famille, à ses proches, à ses frères d’armes, j’adresse mes condoléances les plus sincères. Leur douleur doit rester au centre de toutes nos pensées. Dans une société déjà secouée par tant de tensions, ce type de violence nous rappelle à quel point la paix publique est fragile et précieuse.
Mais en lisant les premières réactions politiques, un malaise profond m’a saisi. À peine le drame connu, certains ont cru bon de s’en servir pour tirer des conclusions hâtives, alimenter des procès en inaction, ou agiter des postures toutes prêtes. Dans ces moments tragiques, notre responsabilité collective est d’abord de faire silence. De témoigner notre respect. De laisser l’enquête suivre son cours. De soutenir les services de sécurité et de secours, et de protéger ceux qui, chaque jour, veillent sur notre sécurité.
Ce réflexe est indécent. Clermont est en deuil. Une famille est brisée. Un drame humain s’est produit. Et au lieu d’un silence digne ou d’une parole solidaire, certains choisissent d’attiser les clivages. À quoi bon ? À qui cela sert-il, sinon à eux-mêmes ?
Il est trop tôt pour tout expliquer, mais jamais trop tôt pour faire preuve de décence. Oui, nous devons débattre de la sécurité. Oui, nous devons interroger nos moyens, nos choix, nos politiques publiques. Mais pas sur le corps encore chaud d’un homme.
Il faut retrouver le sens des responsabilités. Faire preuve de hauteur. Se souvenir que notre rôle d’élus ou d’acteurs publics n’est pas de commenter, mais de construire. D’unir, non de diviser. Et surtout, de respecter. Respecter la mémoire des victimes, respecter le temps de l’enquête, respecter le besoin de silence et d’apaisement des Clermontois.
Clermont-Ferrand est une ville forte. Elle sait traverser les épreuves dans l’unité. Ne perdons pas cela. Ne nous divisons pas davantage. Il est encore temps d’élever le débat. De renoncer à la polémique. Et de se demander, simplement : que faisons-nous, ensemble, pour que notre ville soit plus sûre, plus juste, plus unie ?
C’est à cette question à laquelle je continuerai, pour ma part, de me consacrer. Dans le respect. Dans la vérité. Et avec le sens de l’intérêt général chevillé au cœur.
Alexis BLONDEAU
Clermont-Ferrand, le 14 juillet 2025
